06 décembre 2006

Louis II de Condé dit le Grand Condé ( 1621 - 1686 )


Homme d'Etat, frondeur et grand chef de guerre. D'abord duc d'Enghein puis prince de Condé.


I. L'héritier d'une prestigieuse alliance.


Louis II de Condé est né en 1621. Il est le fils d'Henri II de Condé et de Charlotte de Montmorency. Dans les années 1620, la famille Condé est proche du trône, notamment de Louis XIII et Gaston d'Orléans. Louis de Condé hérite de son père d'un rapprochement avec le cardinal de Richelieu. C'est également l'héritier de bien des lignées cadettes qui s'éteignent: les Soissons, les Conti, ... C'est l'héritier des biens de son oncle Henri de Montmorency - ainsi du château de Chantilly - et de ses ambitions.
Louis II de Condé reçoit une solide éducation chez les jésuites, il se passionne même pour les mathématiques. Plus tard, il participe à des salons, dont celui de Rambouillet. Il écrit notamment des poèmes pour la fille de Rambouillet, Julie d'Angennes. En 1641, il épouse la nièce du cardinal de Richelieu, Clémence de Maillé-Brézé.

II. Un chef de guerre ambitieux

En 1640, Louis II de Condé assiste à la prise d'Arras, puis celle de Perpignan deux ans plus tard. Le cardinal de Richelieu lui confie un régiment. C'est à lui que l'on doit la victoire de Rocroi en 1643 et la maîtrise de la Moselle par la France. Ses succès continuent les années suivantes. Il supervise de nombreux sièges dont celui de Coutrai, Merdyck, Dunkerque ou Lens.
Il entre peu à peu en conflit avec le cardinal de Mazarin. Au moment de la Fronde, il assiège Paris et exige plus de pouvoir. C'est à ce moment que s'opère la rupture et qu'il passe dans le camp des rebelles. En 1650, il est emprisonné avant d'être libéré l'année suivante. Mazarin se retire en espérant que son arogance le perdra. La guerre civile est progressivement perdu par le Grand Condé, notament après le massacre de l'hôtel de ville où sont tués les dirrigeants et où par la même occasion, il perd ses appuis. Louis II de Condé quitte alors la France et se réfugie en Espagne. Il ne réalise aucune grande victoire dans le camp espagnol mais grâce aux négociations du roi d'Espagne, il est réhabilité par le roi de France. En 1659, il revient en France et se consacre à l'exploitation de sa fortune, avant de décider de servir à nouveau le roi.
Il participe à la guerre de Dévolution puis à la guerre de Hollande, c'est notamment lui qui écrase le prince d'Orange à Senef en 1647. A la mort de Turenne, il est chargé de défendre l'Alsace. Après sa sernière campagne, il se retire au château de Chantilly.

III. Le mécène

Louis II de Condé protège plusieurs auteurs dont Corneille, Racine et Boileau. Il espérait rencontrer Spinoza et avait donc une grande ouverture d'esprit. Il avait ses propres poètes, dont Jean Baptiste Raisin qui écrivait en latin et La Chapelle. C'était également un ami du sculpteur Coysevox qui a d'ailleurs sculpté un buste de Condé. Il possède une très grande bibliothèque de plus de 10 000 ouvrages. Il accueille des savants chez lui, des membres de l'académie de médecine comme Bourdelot et il organise de très grandes fêtes dont l'une cause le suicide de son maître d'hôtel Vatel.
Mais paradoxalement, il devient dévot à la fin de sa vie.

03 décembre 2006

Le marquis de Sade ( 1740 - 1814 )


Ecrivain français, philosophe et libertin.


I. Sa formation

Donatien Alphonse François de Sade est né à Paris dans l'hôtel de Condé le 2 juin 1740. Il est le descendant d'une vieille et prestigieuse famille de l'aristocratie de Provence. Après une année chez ses tantes en Avignon et dans le Comtat Venaissin, Donatien Sade est pris en charge, à partir de 1745, par son oncle paternel, l'abbé de Sade. C'est ce dernier qui s'occupe de son éducation d'abord à l'abbaye Saint-Léger d'Ébreuil, puis à Saumane. Ce libertin et historien de Pétrarque lui donne une éducation non conventionnelle pour l'époque. À partir de 1750, il entre au Lycée Louis-le-Grand alors dirigé par les jésuites à Paris. C'est lors de ces études, qu'il découvre le théâtre et la scène, pour lesquels il garde une passion sa vie durant. Il y fait aussi la connaissance de l'Abbé Amblet qui lui donne des cours particuliers. A 14 ans, il entre dans une école militaire réservée aux fils de la plus ancienne noblesse et devient sous-lieutenant un an plus tard. C'est dans ce cadre qu'il participe à la guerre de Sept ans contre la Prusse. Il y brille par son courage, mais aussi par son goût pour la débauche. Revenu, en 1763, avec le grade de capitaine, il fréquente les actrices de théâtre et les courtisanes. Son père, pour y mettre fin, cherche à le marier au plus vite.
Le 17 mai 1763, il épouse Mlle de Montreuil, de noblesse récente, mais fortunée. Il ne s'assagit pas pour autant et fait, dans la même année, son premier séjour en prison pour « débauches outrées ». En avril 1764, Donatien Sade est autorisé à revenir à Paris. La même année, il reçoit au parlement de Bourgogne la charge de lieutenant général de Bresse, Bugey, Valromey et Gex, héritée de son père qui s'est démis en sa faveur en 1760. En 1768, il est à nouveau incarcéré six mois pour avoir enlevé et torturé une passante. Il donne fêtes et bals dans son domaine provençal de La Coste, voyage en Italie, notamment avec sa belle-sœur dont il s'est épris. A Marseille, en 1772, il est accusé d'empoisonnement: il avait en fait distribué, lors d'une orgie, des dragées aphrodisiaques à quatre prostituées et l'une d'entre elles est tombée malade; il doit s'enfuir en Savoie. Condamné à mort par contumace, il est arrêté, s'évade, puis cinq ans plus tard - au cours desquels il alterne voyages et scandales -, il est arrêté à Paris où il était venu régler ses affaires à la suite du décès de sa mère.

II. Le marquis échappe à la guillotine

Malgré les interventions de sa femme, il passe cinq années dans le donjon de Vincennes, écrivant pièces de théâtre et romans pour tromper son ennui, avant d'être transféré à la Bastille où il commence la rédaction des Cent vingt journées de Sodome publié en 1785 puis, deux ans plus tard, Les infortunes de la vertu et Aline et Valcour. En juillet 1789, dix jours avant la prise de la bastille, il est transféré à Charenton, dans un asile de fous. Il doit abandonner sa bibliothèque de six cents volumes et ses manuscrits.
En 1790, il recouvre la liberté, accordée à toutes les victimes de lettres de cachet. Sa femme, lasse de ses violences, obtient la séparation. Ses deux fils émigrent. Pour survivre dans le Paris révolutionnaire - ses biens, en Provence, ont été pillés et mis sous séquestre - il cherche à faire jouer ses pièces, se lie avec une jeune actrice, Marie Constance Quesnet, qui lui reste fidèle jusqu'au bout. Justine ou les malheurs de la vertu est publié anonymement en 1791.
Pour faire oublier ses origines nobles, il milite dans la section révolutionnaire de son quartier. Mais son zèle n'est-il pas assez convaincant ? Fin 1793, il est arrêté et condamné à mort. Oublié dans sa geôle à la suite d'une erreur administrative, il échappe à la guillotine et est libéré en octobre 1794.

III. Trente ans de sa vie passé en prison

Vivant chichement - ses seuls revenus sont ses écrits - il publie en 1795 La philosophie dans le boudoir, Aline et Valcour, La nouvelle Justine et Juliette (Justine et Juliette sont deux sœurs, l'une incarnant la vertu, l'autre le vice, qui subissent des aventures où la luxure le dispute à la cruauté). La presse l'accuse d'être l'auteur de « l'infâme roman » Justine. Il s'en défend maladroitement. En 1801, la police saisit ses ouvrages chez son imprimeur. On ne lui pardonne pas sa violence érotique, son « délire du vice », sa pornographie. Sans jugement, par simple décision administrative, il est enfermé dans l'asile de fous de Charenton. Il va y être, qualifié de « fou » mais parfaitement lucide, malgré ses suppliques et ses protestations, et y mourir le 1er décembre 1814 sans jamais retrouver la liberté. Cet esprit libre, sur ses 74 années de sa vie, en aura passé 30 en prison.
Ses descendants refuseront de porter le titre de marquis, et il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour que son œuvre, dans laquelle il a ouvert la voie à la psychologie sexuelle moderne, soit « réhabilitée ».
Aujourd'hui, le marquis de Sade est d’abord considéré comme un philosophe. Attaquant la morale de son époque, qu’il juge hypocrite, défendant les vices, souvent au mépris de toute logique et en prêtant à la nature les intentions nécessaires pour donner raison à ses personnages libertins, il examine en fait les préjugés, les valeurs, et les conventions sociales, le côté obscur de la philosophie des Lumières.

Albrecht Dürer ( 1470 - 1528 )


Peintre et graveur allemand qui utilise les mathématiques pour perfectionner ses oeuvres.

I. Sa formation

Albrecht Dürer est né le 21 mai 1471 à Nüremberg. Il est le troisième enfant d'Albrecht Dürer l'ancien, orfèvre originaire de Hongrie et arrivé à Nüremberg en 1455. Selon la tradition familiale, Albrecht est également destiné au métier d'orfèvre. Il devient donc apprenti et apprend à se servir du burin et de la pointe. Voyant les dons de son fils pour le dessin, son père lui donne la permission d'entrer dans l'atelier d'un peintre.
Ainsi en 1486, il devient l'apprenti de Michael Wolgemut, avec qui il apprend à manier la plume et le pinceau, à copier et dessiner d'après nature, à réaliser des paysages à la gouache et à l'aquarelle et également à peindre à l'huile. Il se familiarise aussi avec la technique de gravure sur bois. Il est très influencé par Martin Schongauer. En 1491, il entreprend un voyage à Colmar pour rendre visite à l'artiste, mais celui-ci meurt le 2 février 1491 alors qu'Albrecht est encore en route. Il n'arrivera à Colmar qu'en 1492. En 1494, il rentre à Nuremberg pour se marier avec Agnes Frey, selon le désir des deux familles. Après avoir effectué son tour de compagnon à travers la France et l'Allemagne, il séjourne à deux reprises à Venise, en 1494 puis en 1505. Ce séjour le marque profondément.

II. Ses oeuvres

On lui fait alors la commande d'un retable pour l'autel de Notre-Dame dans l'église de la colonie allemande à San Bartolommeo. En 1507, Dürer rentre à Nuremberg et entreprend d'étudier les langues et les mathématiques. En 1512, il reçoit une pension de l'empereur Maximilien de Habsbourg avec titres de noblesse en devenant le peintre de la cour. Il en fait le portrait. À sa mort, il entre au service de Charles Quint. En 1526, il peint Les quatre apôtres. Il écrit des livres parmi lesquels Les Règles de la Peinture ou le Traité des proportions du corps humain publié en 1525 et traduit par Loys Meigret en 1557. Il illustre plusieurs ouvrages, tels que l'Arc triomphal et le Char triomphal de Maximilien, la Passion de Jésus Christ, l'Apocalypse, l'Histoire de la vierge Marie et La nef des fous. Il a eu notamment Barthel Beham, Hans Süss von Kulmbach, Hans Baldung comme élèves. Il a probablement réalisé une des premières gravures sur bois. Les suites de gravure qui ont fait sa renommée sont deux séries de gravures sur bois:
  • une Petite Passion composée de 37 gravures et une Grande Passion de 15 gravures plus une feuille de titre
  • une Passion gravée sur cuivre de 16 feuilles
  • une Vie de Marie de 19 gravures et une feuille de titre
  • son Apocalypse rassemblant 15 gravures plus une feuille de titre.
Son jeune frère Hans Dürer est peintre à la cour de Sigismund I.

III. L'utilisation des mathématiques

Déjà artiste accompli, Dürer se rend en Italie en 1494 et rencontre Jacopo de Barbari qui l'initie au rôle des mathématiques dans les proportions et la perspective. Dürer se plonge alors dans les Éléments d'Euclide et le traité de Vitruve De architectura. Il s'instruit aussi dans les travaux d'Alberti et Pacioli. Il met en pratique ses nouvelles connaissances dans ses œuvres artistiques. Pour construire sa gravure Adam et Ève, il prépare son œuvre par un faisceau de droites et de cercles. Il analyse et développe la nouvelle théorie de la perspective notamment dans ses illustration pour La Vie de la vierge. Le goût d'Albrecht Dürer pour les mathématiques se retrouve dans la gravure Melancholia , tableau dans lequel il glisse un carré magique et un polyèdre constitué de deux triangles équilatéraux et six pentagones irréguliers. Il s'intéresse aussi aux proportions, notamment aux proportions du cheval et proportions du corps humain. Il commence à rassembler de la documentation pour rédiger un grand ouvrage sur les mathématiques et ses applications dans l'art. Ce mémoire ne paraitra jamais mais les matériaux rassemblés lui serviront pour ses autres traités. Son œuvre mathématique majeure reste les Instructions pour la mesure à la règle et au compas - Unterweisung der Messung mit dem Zirkel und Richtscheit -, qui développe en quatre livres les principales constructions géométriques comme la spirale d'Archimède, la spirale logarithmique, la conchoïde, l'épicycloïde, le limaçon de Pascal, des constructions approchées des polygones réguliers à 5, 7, 9, 11 ou 13 côtés et de la trisection de l'angle et de la quadrature du cercle, des constructions de solides géométriques (cylindre, solides de Platon..), une théorie de l'ombre et de la perspective. La géométrie descriptive, à l'origine de la morphométrie, nécessaire à la représentation des corps dans l'espace, initiée par Dürer sera reprise, deux siècles plus tard, par Gaspard Monge qui en fera un développement complet.
Albrecht Dürer est mort en 1528 dans sa ville natale.

Sébastien Brant ( 1458 - 1521 )


Humaniste et poète alsacien, auteur de la Nef des Fous.

I. Sa formation

Sébastien Brant est né à Strasbourg en 1458. Fils de Diebolt Brant aubergiste strasbourgeois au Lion d'or, il fait ses études universitaires à Bâle, où il réalise un doctorat de droit canon et civil en 1489. Plus tard, il y devient professeur de droit et de poésie et occupe par intermittence la fonction de doyen. C'est à Bâle qu'il édite d'anciens ouvrages de droit, des œuvres poétiques de Virgile, l'œuvre complète de Pétrarque et des traités de certains pères de l'Église. Il contribue ainsi à la naissance de l'humanisme bâlois.
En 1485, il épouse la bâloise Elisabeth Bürgis avec qui il a sept enfants. Souhaitant que son fils aîné, Onuphrius, devienne un humaniste, il lui apprend le latin au berceau et le fait immatriculer à l'université à ses sept ans.

II. La Narrenliteratur

En 1494, il crée un nouveau genre littéraire, celui de la Narrenliteratur, le genre bouffon, en publiant son œuvre majeure, La Nef des fous, critique de la faiblesse et de la folie de ses contemporains. C'est en février de cette année, durant la période du carnaval, la saison des fous, qu'il publie son oeuvre. Son succès est immédiat, au point qu'il est alors traduit en plusieurs langues . Il est notament traduit en latin en 1496 par Badius Ascensius et mis en rimes françaises par Pierre Rivière en 1497. La version française est éditée entre 1497 et 1499. La Nef des fous - Das Narrenschiff - est illustrée par Albrecht Dürer. Les gravures sur bois qui illustrent la nef des fous ont beaucoup contribué au succès de la satire. L'idée venait de Sébastien Brant qui voulait que les illettrés aussi puissent être édifiés et en tirer profit. Sur presque toutes, on voit un fou avec le bonnet traditionnel pourvu de grelots. C'est l'oeuvre populaire la plus souvent imprimée avant les Souffrances du jeune Werther de Goethe.
Les fous, ce sont les hommes affligés de vices qui ignorent que leur comportement contraire à la loi divine les voue à la perdition. Son livre veut être un "Miroir des Fous" où chacun pourra se reconnaître.

III. Le rôle de l'empereur dans l'Histoire

De retour à Strasbourg en 1500, Sébastien Brant sollicite à plusieurs reprises l'Empereur pour qu'il repousse les Turcs afin de préserver l'Occident. Mais lorsqu'il s'aperçoit que l'Empereur qu'il vénère, n'est pas à la hauteur de cette tâche, il écrit en 1504, dans une lettre à l'humaniste Konrad Peutinger d'Augsbourg, que la fonction impériale peut tout aussi bien être assumée par un autre peuple si les Allemands sont incapables de jouer le rôle qui leur a été assigné par l'Histoire. Dans le même esprit, il fit en 1492 l'éloge de Ferdinand le Catholique, vainqueur des Maures et unificateur de l'Espagne.
Il est nommé secrétaire de la ville de Strasbourg en 1503. Il meurt dans cette même ville en 1521.

Olivier de Serres ( 1539 - 1619 )


Célèbre agronome français.

I. Un seigneur local protestant


Olivier de Serres est né à Villeneuve-de-Berg, petite ville du Vivarais, en 1539 dans une famille aisée, fixée depuis longtemps dans le pays. Son père Jacques et son grand-père Antoine étaient drapiers et marchands de tissus. La famille d'Olivier de Serres a joué un rôle important dans la vie publique de la région, notamment par l'intermédiaire de Jacques de Serres, élu premier consul de Villeneuve-de-Berg à l'unanimité en 1533.
Sonh père meurt en 1546 alors qu'Olivier de Serres n'a que sept ans. Les douzes années suivantes de sa vie sont méconnues : peut-être a-t-il voyagé, peut-être a-t-il fait des études de droit à Valence. En 1558, il achète le Domaine du Pradel, se constituant ainsi un vaste domaine de 150 hectares. Treize ans plus tard, Olivier de Serres gagne le titre de seigneur du Pradel.
Le 11 juin 1559, il épouse Marguerite d'Arcons, fille du juge de Villeneuve-de-Berg. Ce n'est que dix-neuf ans plus tard que le couple s'installe et demeure au Pradel, en dépit des fréquents troubles provoqués par les guerres de religion. Olivier de Serres partage ses activités entre l'exploitation du domaine, le diaconat de l'église réformée de Berg et l'éducation de ses sept enfants.
Son frère cadet Jean de Serres, après des études de théologie à Genève - il s'agit d'un des premiers étudiants de l'Académie fondée par Calvin - est devenu pasteur et tente de concilier protestants et catholiques. En 1596, il devient historiographe du roi de France Henri IV, poste qu'il n'occupera que deux ans puisqu'il meurt en 1598. Olivier prend alors à sa charge les neuf enfants que laissent son frère.

II. Le Théâtre d'agriculture

En 1599, à l'âge de 60 ans, Olivier de Serres arrive à Paris pour régler les affaires financières de son défunt frère. Il apporte avec lui Le Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs. Quand le roi Henri IV a connaissance de l'oeuvre, ce fut l'élevage des vers à soie qui retint son attention. Le roi passe commande de 15 à 20 000 mûriers blancs à Olivier de Serres, mûriers installés en 1603 dans les jardins des Tuileries. Mais surtout, le roi fait imprimer en brochure le chapitre du Théâtre de l'agriculture sur les vers à soie. Cette brochure, intitulée La Cueillette de la Soye est largement diffusée entre 1602 et 1605, en particulier dans le sud-est de la France. C'est de là que l'on peut dater la renaissance de la sériciculture et l'essor des magnaneries dans le Vivarais et les Cévennes qui atteignent leur apogée au milieu du XIXème siècle. Fort de la publicité procurée par l'édition de cette brochure, Olivier de Serres se lance dans l'édition de l'oeuvre entière,qui paraît le 1er juillet 1600 chez Jammet Mettayer à Paris. L'oeuvre connaît un véritable succès puisqu'elle est rééditée huit fois du vivant de son auteur. Dans l'édition de 1605, Olivier de Serres ajoute un chapitre résumant ses recherches sur le mûrier, La Préparation de l'Escorce du Meurier blanc, pour en faire du linge et autres ouvrages, qui fait l'objet d'une publication séparée.

III. Les originalités de son oeuvre

Le Théâtre d’Agriculture rassemble les recherches effectuées par Olivier de Serres sur l'agriculture de son temps. Après avoir lu les écrits des agronomes qui l'ont précédé, en particulier romains, il a cherché à vérifier leurs dires, tout comme il s'est efforcé de valider ou non les pratiques ancestrales des paysans de son époque. Il remet ainsi en cause la pratique de l'assolement telle qu'elle se pratique encore en cette période, en introduisant dans le cycle la culture de plantes fouragères en lieu et place de la jachère, afin que la terre au repos puisse aussi s'enrichir.
Ses recherches ont aussi porté sur le matériel : il est ainsi l'inventeur du rouleau à pointe et d'un rustique semoir en ligne à profondeur constante. Grâce aux aménagements hydrauliques réalisés sur son domaine, il a pu expérimenter de nombreuses plantes inconnues ou méconnues en France, notamment en provenance du Nouveau Monde : la canne à sucre, le coton, le safran, le riz, la pomme de terre, la tomate, etc...
Olivier de Serres meurt en 1619, trois ans après sa femme Marguerite d'Arcons. Il a probablement été enseveli au cimetière de Villeneuve-de-Berg, comme il le souhaitait dans son testament. Mais son corps a ensuite été transféré dans sa propriété où la légende dit qu'il repose non loin de sa maison, sous quatre cyprès marquant l'emplacement du cimetière familial. En 1628, sur l'ordre de Richelieu, les troupes royales démantelèrent de nombreuses places fortes protestantes : le Pradel est entièrement rasé.

L'Anneau des Nibelungen


L'anneau des Nibelungen est un mythe germanique et nordique qui a inspiré Richard Wagner pour son opéra du même nom.

I. Le mythe

Les Nibelungen sont des nains des légendes germaniques, les fils du brouillard. Ils possédaient de grandes richesses qu'ils tiraient de leurs mines en dessous des montagnes, là où ils habitaient. Ils avaient pour roi Nibelung. Cette légende récite les exploits du chevalier Siegfried.
Ce dernier est un héros légendaire de la mythologie nordique, personnage central de la saga de Völsung (Völsungasaga) et de la chanson des Nibelungen. C'est lui qui a tué le dragon Fáfnir, ce qui l'a rendu invulnérable. C'est également l'amant de la valkyrie Brünhild qu'il est le seul à avoir battu au combat. Mais Siegfried est victime de la malédiction de l'anneau des Niebelungen, peuple gardien et possesseur de ce trésor. Il ne tient pas compte des avertissements des fantômes et prend l'anneau, pièce maîtresse du trésor des Niebelungen. L'anneau attire les convoitises et il venge son père des rois jumeaux saxons.
A cause d'un philtre d'amour, il tombe amoureux de la sœur du roi de Burgondie et en oublie Brünhild. Il meurt à cause de cette dernière qui se suicidera pourtant sur le bûcher funèbre de l'homme qu'elle aimait.
Siegfried est le nom germanisé de Sigurdr le Volsungr et le nain Mime est en fait le forgeron Regin. C'était un des vikings. La légende ressemble à s'y méprendre à la légende d'Achille et d'Atalante. Dans la chanson des Nibelungen, version christianisée datant du XIIIe siècle, c'est un chevalier époux de Brunehilde, tué traitreusement par Hagen et vengé par Brunehilde.

II. L'anneau des Nibelungen de Richard Wagner

Le mythe fait partie des inspirations de la littérature contemporaine, avec J.R.R. Tolkien et son épopée du seigneur des Anneaux. L'Anneau du Nibelung, festival scénique en un prologue et trois journées - Der Ring des Nibelungen - ou Le Ring ou encore la Tétralogie, est le titre original du cycle dramatique en un prologue et trois journées de Richard Wagner. Si par commodité on parle d'opéra, l'auteur lui-même et les spécialistes insistent sur ce fait: avec près de trente ans de gestation, Le Ring est une œuvre immense. Selon les interprétations, il peut durer de treize à dix-sept heures. Le texte, rédigé en allemand, compte plus de huit mille lignes et met en scène plus de trente personnages. La musique est construite autour de plus de quatre-vingt leitmotive id est de thèmes conducteurs, musicaux différents, sans compter les dérivés. Passionné par le théâtre grec antique, Richard Wagner emprunte la structure en quatre parties des spectacles antiques. Il en tire aussi ce qu'il appelle l'Art total où tout est lié : théâtre, musique, poésie, peinture, etc. Il va jusqu'à construire un théâtre consacré à son œuvre, le Palais des festivals de Bayreuth. Partie d'un projet de poème épique - La Mort de Siegfried -, cette œuvre s'est transformée au fil des années et de la maturité de l'auteur en une gigantesque allégorie sur la société, la politique, l'économie et le pouvoir.

III. Le palais des festivals de Bayreuth

Le Bayreuther Festspielhaus - Palais des festivals de Bayreuth - est une salle d'opéra située sur la « Colline sacrée » à Bayreuth, en Bavière, et inaugurée en 1876. Conçue spécialement par le compositeur Richard Wagner pour l'exécution de ses œuvres, cette salle révolutionnaire pour l'époque et encore novatrice aujourd'hui est le siège du Festival de Bayreuth et un haut lieu du wagnérisme. Richard Wagner choisit pour son théâtre d'adapter un projet avorté du grand architecte Gottfried Semper pour une salle d'opéra à Munich, sans d'ailleurs avoir sa permission. La construction fut permise grâce à un don de 100 000 talers du roi Louis II de Bavière, protecteur et mécène de Wagner.
La première pierre est posée le 22 mai 1874, sur une colline au Nord de Bayreuth. Parallèlement, Wagner fait construire à proximité la Villa Wahnfried pour lui et sa famille. L'inauguration eut lieu avec la première exécution complète de la tétralogie L'Anneau du Nibelung du 13 au 17 août 1876, les deux derniers opéras étant donnés en création mondiale. Parsifal y fut créé le 26 juillet 1882. Ces deux œuvres occupent une place particulière à Bayreuth, puisque le Festspielhaus fut construit pour L'Anneau et Parsifal composé pour le Festspielhaus. Les cinq autres opéras de maturité de Wagner, créés dans les théâtres « traditionnels », entrèrent plus tard au répertoire du Festival. Le Palais des festivals devient en 1973 la propriété de la Richard-Wagner-Siftung Bayreuth - la Fondation Richard -Wagner de Bayreuth -, dont le siège est à la Villa Wahnfried.

Jean Pic de la Mirandole ( 1463 - 1494 )


Humaniste et philosophe

I. Sa formation

Jean Pic de la Mirandole est né dans une famille noble. Sa mère meurt alors qu'il est encore jeune et en fait l'héritier d'une fortune considérable. Il a ainsi le temps d'étudier et de voyager à sa guise, de consacrer sa vie au savoir. Il possède un don certain pour les études qui le mène notamment à Bologne où il étudie le droit canon, mais aussi dans les reste de l'Europe durant sept ans. Il s'initie au grec, au latin, à l'hébreu, à l'arabe et au syriaque. Il étudie la philosophie, le platonisisme avec son maître Marsilius Finicus, qui est en opposition avec Aristote et la scolastique de l'époque. Il se passionne pour la kabbale et le Talmud.

II. Le philosophe

Pour les philosophes d’aujourd’hui, Jean Pic de la Mirandole est celui qui a tourné le dos à la scolastique et a voulu réconcilier les contraires en réunissant le monde d'Aristote et celui des idées de Platon ou encore concilier sciences, philosophie et religion, ce qui lui valu d'être considéré comme hérétique par le pape. Jean Pic est le premier penseur extérieur au judaïsme à avoir introduit la kabbale dans les études philosophiques, notamment dans son Heptaple, consacré à l'interprétation kabbalistique des sept jours de la création publié en 1480. Il est à Rome en 1486 et se lance dans ses fameuses neuf cent thèses où il cherche à concilier platonisisme et religion. Mais treize d'entre eux sont reconnus hérétiques lors d'un procès en 1489.

III. La fin de sa vie

Jean Pic de la Mirandole jouit néanmoins de sa liberté et s'installe à Florence, invité par Laurent de Medicis. Il s'enflamme dans ces dernières années contres les astrologues et les juifs. II meurt le 17 novembre 1494, alors que le roi de France, Charles VIII, entre à Florence. Jean Pic de la Mirandole est mort, assisté en ses derniers instants par Jérôme Savonarole. Cette mort mystérieuse, emportant en moins de deux semaines un homme dans la force de l'âge, a fait croire à un empoisonnement dont le secrétaire de Jean Pic aurait été l'auteur.

Jean Pic de la Mirandole a profondémment marqué le mouvement humaniste. Il est considéré par certain comme l'homme le plus instruit de son temps.

Jérôme Savonarole ( 1452 - 1498 )


Prédicateur italien

I. Sa formation

Jérôme Savonarole ou Hieronymus Savonarole est né dans une famille de médecins de Ferare et entreprend lui aussi des études médicales et humanistes. Il commence ses études à l’Université de Ferrare, où il obtient un diplôme es Art. Son penchant anticlérical apparaît déjà dans un poème sur la destruction du monde intitulé De Ruina Mundi qu'il a écrit à 20 ans. C’est également à cette époque qu’il choisit sa voie spirituelle et son poème De Ruina Ecclesiai en 1475 montre son son mépris envers la Curie romaine, qu’il désigne comme "une putain fière et menteuse". Il prend alors des distances vis-à-vis d'une société qu'il juge trop cupide et décide d'entrer au couvent. Il commence sa carrière ecclésiastique à Bologne chez les dominicains, avant de prêcher dans diverses villes d'Italie et de devenir prieur du couvent de San Marco de Florence en 1491, où il connu un grand succès. Ses sermons prônent la repentance et le retour à une vie simple, voire austère, proche de l'évangile. Il critique surtout le luxe de la cour papale. Il accompagne ses sermons de prophéties qui se révèlent pour beaucoup d'entres elles exactes, comme l'arrivée prochaine d'un pape simoniaque, l'arrivée d'un Cyrus moderne ou sa propre perte sur un bûcher. En effet, en 1492 Alexandre VI Borgia est élu pape grâce à l'achat de voix des cardinaux et en 1494 le roi de France Charles VIII envahit l'Italie. Il est néanmoins très apprécié, tant auprès des plus illustres - il devient notamment le confesseur de Laurent de Médicis et de Pic de la Mirandole - que des plus humbles.

II. Le chef politique de Florence

Lorsqu'en 1494, les Médicis soutienent l'invasion de Charles VIII, Jérôme Savonarole encourage la révolte des Florentins contre leurs dirigeants. Pierre de Médicis s'exile alors que Jérôme Savonarole rencontre le roi de la France et fixe les conditions de la paix et évite le sac de la ville. Les Florentins sont autorisés par le roi de France à choisir leur propre mode de gouvernement: Jérôme Savonarole s'impose alors comme chef politique de la cité entre 1594 et 1598. Fort de ce pouvoir politique et religieux, il interdit les fêtes profanes, le jeu, les images dans les lieux de culte, il exige le port de costumes austères et surtout il organisa des bûchers où les Florentins étaient invités à venir brûler leurs effets personnels trop luxueux. En 1497, Jérôme Savonarole et ses disciples élèvent le bûcher des Vanités. De jeunes garçons sont envoyés de porte en porte pour collecter tous les objets liés à la corruption spirituelle : miroirs, cosmétiques, les images licencieuses, les livres non-religieux, les jeux, les robes les plus splendides, les livres de poètes jugés immoraux, comme les livres de Boccace et de Pétrarque. Ces objets sont brûlés sur un vaste bûcher de la Piazza della Signoria. Des chef-d’œuvres exceptionnels de l’art florentin de la Renaissance ont ainsi disparu dans le bûcher, y compris des peintures de Sandro Botticelli que l’artiste a apportées lui-même au bûcher. Cette volonté d'imposer l'austérité à la riche cité italienne divise ses habitants: une opposition nait contre Jérôme Savonarole. Lors du sermon de l’Ascension du 4 mai 1497, des bandes de jeunes déclenchent une émeute, qui se transforme en révolte : les tavernes rouvrent, les jeux reprennent publiquement.

III. Son opposition au pape Alexandre Borgia

Il prêche également de façon véhémente contre la corruption morale du clergé, ce qui en fait un des précurseurs de la Réforme protestante, bien qu’il soit resté catholique toute sa vie. Ses attaques, toujours plus virulentes contre le pape, lui valent d'être convoqué à Rome en 1495. Il ne s'y présente pas et continue ses sermons accusateurs. Il est alors excommunié en 1497 et le pape exige son arrestation. Il est accusé d’hérésie, de prophétisme, de sédition et d’erreur religieuse. Il reconnaît ses erreurs sous la torture puis se rétracte à nouveau. Condamné par un tribunal d'Inquisition, il est pendu puis brûlé sur la place où il avait élevé le bûcher des Vanités, avec deux de ses disciples.
Même après sa mort, Jérôme Savonarole continue d’exercer une influence sur ceux qui l’ont connu : ainsi, Botticelli ne peint plus de nus après l’épisode du bûcher des Vanités. Une plaque commémorative indique toujours l'emplacement de son bûcher sur la Piazza della Signoria à Florence. Il fait aujourd'hui encore l'objet d'une dévotion particulière de la part du peuple de Florence. Un mouvement en faveur de sa canonisation est soutenu par les dominicains, mais les Jésuites s’y opposent.




René Caillé ( 1799 - 1838 )


Voyageur français, premier explorateur à revenir de la ville de Tombouctou au Mali.

I. Sa formation

René Caillié est né le 19 novembre 1799 à Mauzé-sur-le-Mignon dans les Deux-Sèvres. C'est le fils d'un ouvrier boulanger, un homme du peuple. René Caillé est marqué par la condamnation pour un petit vol de son père au bagne l'année de sa naissance. Il ne le connaît pas puisque celui-ci meurt au bagne de Rochefort en 1808. Il perd sa mère trois ans plus tard. Bercé par la lecture de Robinson Crusoé que lui a fait découvrir son maître d'école, il quitte à pied Mauzé pour la Rochelle et s'embarque pour le Sénégal.

II. Son voyage

Il s'embarque en 1814 pour le Sénégal, sans fortune, sans amis, sans secours. René Caillé arrive en Afrique en 1817, le bateau sur lequel il se trouvait faisait partie du même convoi que la Méduse. Après dix ans d'obstacles et de traverses de tout genre, il réussit à pénétrer dans l'intérieur de l'Afrique. Malgré des fatigues inouïes, il parvint à Djenné. René Caillé découvre l'Afrique à une époque ou seule la côte est connue mais il est seul et sans moyens financiers. Au Sénégal, René Caillé travaille dans une indigoterie et prépare un voyage vers l'intérieur de l'Afrique. En 1827, il se joint à une caravane musulmane qui va vers Tombouctou. Se faisant passer pour un lettré musulman, il est le premier blanc a pénètrer le 20 avril 1828 dans cette ville. Mais il se trouve plutôt déçu par cette ville qui l'avait tant fait rêver à travers les écrits de Léon l'Africain.

III. Son retour en France

Son retour en France en 1830 après 16 ans d'absence, à travers le désert du Sahara puis le Maroc est un véritable calvaire. Il reçoit de la Société de Géographie un prix de 10 000 francs. Il publiera en 1830 un récit de son voyage Journal d'un voyage à Tombouctou, avec le concours de M. Jomard, qui lui assurera une grande renommée. Il meurt le 17 mai 1838 des suites d'une maladie contractée en Afrique au domaine de L'Abadaire à Saint-Symphorien-du-Bois, commune de Charente-Maritime où il avait acheté un domaine.
Contrairement à la plupart des explorateurs de ce siècle, René Caillé est parti sans escorte et incognito. Il voyage en se faisant passer pour un musulman et pour tenir ce rôle, séjourne de longs mois dans une communauté musulmane du Sénégal avant son départ. Il y étudie avec une grande rigueur cette religion et ses rites.

Léon l'Africain ( vers 1485 - vers 1554 )

Voyageur et diplomate arabe, fils adoptif du pape Léon X.

I. Sa formation

Al Hassan ibn Muhammad al Wazzan az Zayyati al Fasi dit Jean-Léon de Médicis est né à Grenade vers 1485, alors que la ville était encore musulmane. En 1492, lorsque les Rois Catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand II d'Aragon, achèvent leur Reconquiesta, sa famille s'exile à Fès au Maroc où il est instruit. Il y apprit le commerce et se vit confier des missions diplomatiques dans le nord de l'Afrique. C'est par son oncle maternel que débute sa vie de diplomate, car il le convie à l'accompagner lors d'une mission auprès du souverain de l' Empire Songhai, l'Askia Mohammed Touré. À l'âge de 20 ans, il s'engage définitivement sur les routes et la voie de la diplomatie. Sa vie est celle d'un grand voyageur et d'un négociateur : ses missions politiques et commerciales le mèneront à travers tout le monde musulman : à Constantinople, à Tombouctou, au Mali, dans la vallée du Niger et en Egypte où il remonte le Nil jusqu'à Assouan.

II. Le fils adoptif d'un pape

En 1517, alors qu'il revient d'un voyage en Égypte, il est enlevé par des pirates italiens. Mais ceux-ci ayant remarqué son intelligence, l'offrent en cadeau au pape Léon X qui complète alors son instruction. Impressionné par son élève, il le convaint de se convertir au catholicisme et l'adopte comme fils. Il le baptise de son propre nom: Jean-Léon de Médicis, en 1520. Cependant, afin de le distinguer de son très saint protecteur, il fut rapidement surnomé "l'Africain". Durant son séjour en Italie au service du pape, il apprend l'italien et le latin et enseigne l'Arabe à Bologne et fréquente de nombreux lettrés. Vers 1525-1527, il écrit sa fameuse Cosmographia de Affrica ou Descriptions de l'Afrique, ouvrage rédigé en Italien qui est encore la principale source de connaissance de l'Islam à cette époque. Ce livre devient la Bible de tous les diplomates et explorateurs intéressés par l'Afrique. En 1550, l'humaniste Ramusio l'édite à Venise en italien dans une collection de textes intitulée Navigations et voyages. Une traduction française paraît à Lyon en 1556.

III. Le mystère de la fin de sa vie

On ne sait comment se termine sa vie. Peut-être est-il mort à Rome, ou est-il retourné à Tunis pour retrouver sa foi première comme il en avait émis le souhait dès 1525. Les troubles qui déchirent l'Italie à cette époque, dont le sac de Rome en 1527, l'ont probablement poussé vers ses origines. Mais il semble qu'il soit mort vers 1554.

02 décembre 2006

Nicolas Fouquet ( 1615 - 1680 )


Un des plus grands financiers du XVIIème siècle souvent poursuivit par une légende noire.

I. La clef de la réussite

Nicolas Fouquet est originaire du milieu de marchands de soie d'Angers. Son grand-père devient conseiller au parlement de Paris sous Henri III. Son père, François IV Fouquet, épouse la fille d'un collaborateur de Sully, Gilles de Maupeou, financier et grand-père de Nicolas Fouquet. François Fouquet était conseiller d'État au Parlement de Paris et associé de la Compagnie des îles d'Amérique. Sa famille a fait fortune dans le commerce du drap avant de se reconvertir dans la magistrature. Ils étaient très dévot mais son grand-père était protestant, elle est passée sous la protection du cardinal de Richelieu. Il a beaucoup de frères et soeurs, dont deux qui sont devenus évêques de Narbonne et d'Agde et ont été proche de Vincent de Paul.
Nicolas Fouquet est élève chez les jésuites au collège de Clermont, où il apprend l'art de la rhétorique. Il fait ensuite une carrière de juriste au parlement de Metz où il devient conseiller en 1633. A vingt ans, il est maître des requêtes, à trente cinq ans, il est fait procureur au parlement de Metz. C'est également un homme de pouvoir qui est intendant des armées vers 1642-1643. Il passe alors du clan de Richelieu au clan de Mazarin. Il est chargé de contrôler le parlement de Paris par Mazarin. En 1653, il est fait surintendant des finances avec Abel Servien, il a donc un rôle déterminant pour trouver de l'argent dans ce contexte de guerres. En 1659, à la mort d'Abel Servien, il reste seul en place au poste de surintendant des finances. En 1661, il devient membre du conseil d'en-haut avec Le Tellier et Hugues de Lionne.

II. L'exercice du pouvoir

Nicolas Fouquet a placé beaucoup d'espoir dans le décollage économique de la France grâce aux ports de l'Atlantique, il est le continuateur des idées de Richelieu. En effet, Nicolas Fouquet possède Belle-Isle. Il possède un bon réseau de fidélité même si le roi a sans doute surestimé ce réseau. Il s'agit surtout d'une façade afin d'instaurer la confiance. Il fait construire le château de Vaux-le-Vicomte avec Le Vau, Le Nôtre et Le Brun. Il créé même une manufacture d'objet de luxe dans le but de meubler son château. Il charge Paul Pellisson de rassembler autour de lui des artistes tels que La Fontaine, Molière ou Madame de Scudéry qu'il accueille somptueusement. On dit souvent que sa fête de l'été 1661 a été tellement somptueuse qu'il a offusqué Louis XIV.
Il est entouré de dévots, notamment sa mère et ses frères. C'est un des financiers de la compagnie du saint sacrement même s'il n'en a jamais été membre. Lamoignon était un de ses amis et a lui été membre de la compagnie.

III. La chute

D'Artagnan est chargé d'arrêter Nicolas Fouquet à Nantes le 5 septembre 1661. Les justifications avancées sont la corruption - le péculat - ou le complot pour la sécurité de l'Etat s'il avait été évincé du pouvoir - Belle-Isle aurait été une base pour construire une politique indépendante. Son procès a lieu devant une juridiction spéciale avec des juges choisis par le roi. Le procès est très long, le roi veut le voir condamner à mort mais Nicolas Fouquet se défend particulièrement bien. Il est finalement bannit du royaume parce que les juges n'osent pas aller plus loin. Mais le roi intervient et le condamne à l'emprisonnement à vie à Pignerol.
Sa détention à Pignerol est allégé à partir du moment où le duc de Lessin y est mis en prison. Beaucoup de pression ont lieu sur Louis XIV afin que Nicolas Fouquet soit remis en grâce. Il est libéré en 1680 mais meurt peut de temps après.
La famille Fouquet n'a pas vraiment été disgracié puisque son fils reçoit le duché-pairie. Sous Louis XV, son petit-fils devient maréchal de Belle-Isle. La carrière de la famille n'est donc pas entièrement brisée.

Nicolas Fouquet pensait que le roi ne pouvait pas l'arrêter, il n'a pas compris mais son rôle était trop important pour le roi. Grâce à son habileté pour la finance, Nicolas Fouquet a contribué à favoriser l'absolutisme.